HISTOIRE DE LA POLICE NATIONALE : RETOUR SUR LES ORIGINES

HISTOIRE DE LA POLICE NATIONALE

 POLIS, POLITEIA, POLITIA, POLLICE, POLICE. Le terme « police » mérite quelques précisions terminologiques dans le contexte de l’histoire de la police nationale. Il provient du latin politia, qui tire son origine du grec politeia (l’art de gouverner la cité), lui-même dérivé du mot polis (cité, ville). En vieux français, pollice signifiait « gouvernement ». Au fil des années, le mot s’est restreint à la gestion d’une cité pour acquérir son sens actuel d’organe, de règle et de mission permettant d’assurer le maintien et le rétablissement de l’ordre public.

L’histoire de la Police Nationale en remontant le temps …

Au Moyen Âge, la sécurité et la police relèvent de la compétence des seigneurs féodaux. L’histoire de la Police Nationale commence après la chute de l’Empire romain. Notamment avec la disparition des édiles responsables de la police. Dès lors, de nombreux seigneurs féodaux prennent le contrôle de leurs fiefs et exercent tous les pouvoirs, y compris la justice.

Au haut Moyen Âge, les pouvoirs de police et de justice se mêlent. Un même seigneur étant chargé d’élucider les infractions et de sanctionner leurs auteurs.

Dans ce contexte, les rois de France entament une reconquête progressive du pouvoir. Ils ôtent peu à peu des prérogatives aux seigneurs féodaux et renforce ainsi leur autorité.

Histoire de la Police Nationale en France : du renforcement du pouvoir royal aux défis des villes médiévales

Au cours des XIIème et XIIIème siècles, le pouvoir royal se renforce progressivement, entraînant une réduction des affrontements féodaux. Néanmoins, des conflits impliquant des forces étrangères persistent sur notre territoire. À la suite de ces batailles, les déserteurs et mercenaires licenciés se mettent à piller les régions. Face à cette situation, la maréchaussée se voit confier la responsabilité de contrôler et surveiller ces gens de guerre. Ainsi, elle acquiert une compétence sur l’ensemble du royaume. Mais à l’exception des villes, et intervient en soutien du représentant local du roi lorsque cela est nécessaire.

Au XIVème siècle, la hiérarchie royale s’organise : prévôt dans les prévôtés, bailli ou sénéchal dans les bailliages ou sénéchaussées. Ces acteurs détiennent des pouvoirs d’administration, de police et de justice. Les intendants, comparables aux préfets actuels, supervisent cette hiérarchie plus tard.

En parallèle, le développement urbain entraîne une délinquance spécifique aux villes. L’histoire de la police nationale reflète une adaptation constante aux besoins des cités et des populations.

Chevalier du guet et commissaire au chatelet (XIIIème et XIVème s.)

chevalier du guet au moyen âge, l'histoire de la police nationale

Plusieurs ordonnances de police tentent d’apporter des solutions aux problèmes spécifiques de l’époque. Ainsi, pour Paris :

  • Premièrement, en 1254, Saint-Louis crée le chevalier du guet, assisté de 20 sergents à cheval et de 26 sergents à pied, chargé d’assurer la sécurité de Paris la nuit. Sous le slogan « Bonnes gens, dormez en paix! », ce dispositif se répand rapidement dans toutes les villes du royaume.
  • Deuxièmement, en 1306, Philippe le Bel établit les commissaires examinateurs au Châtelet. Portant la longue robe, symbole du plein exercice du pouvoir judiciaire. Ces magistrats luttent contre la criminalité dans un quartier de Paris.
  • Troisièmement, en 1526, le pouvoir royal créé le lieutenant criminel de robe courte pour combattre les mendiants, vagabonds et autres marginaux. Ce dernier peut être assisté par les commissaires examinateurs.

Pourtant, malgré ces mesures, l’augmentation constante de la délinquance (la cour des miracles apparaît au XVIème siècle) persiste. Face à ce constat, il faut attendre la création de la charge de lieutenant de police de Paris en 1667, confiée à Nicolas de la Reynie, pour voir une réelle organisation policière se mettre en place. Etant donné qu’il n’existe ni coordination ni approche globale du problème. L’édit de mars 1667 affirme que « les fonctions de justice et de police sont souvent incompatibles et trop étendues pour être exercées par un seul officier (fonctionnaire) » et reconnaît cette réalité. C’est pourquoi, cet édit tente de corriger les erreurs passées.

La lieutenance de Police (1667 – 1789)

L’édit de mars 1667 et la fondation de la police sous l’Ancien Régime

La police assure le repos du public et des particuliers et protège la ville des désordres. Par conséquent, il reconnaît que « les fonctions de justice et de police sont souvent incompatibles. Elles sont trop étendues pour être exercées par un seul officier (fonctionnaire) ». Par conséquent, il propose une approche globale de la criminalité. Il représente l’acte fondateur de la police sous l’Ancien Régime, clarifiant une situation héritée du Moyen Âge.

L’édit met en place la charge de lieutenant de police. IL créer ainsi un pouvoir autonome chargé de veiller au bon fonctionnement de la cité. Paris est la première ville à être concernée par cette mesure. Nicolas de la Reynie devient le premier lieutenant général de police, occupant ce poste de mars 1667 à janvier 1697. Doté d’une connaissance approfondie des institutions, tous les lieutenants généraux qui lui succèdent bénéficient d’une formation similaire. Le roi se réserve le droit de nommer et de révoquer le lieutenant de police à sa discrétion.

Organisation et missions de la police sous l’autorité du lieutenant général de police

L’édit attribue au lieutenant de police des missions variées. Il permet à Nicolas de la Reynie d’organiser son administration en rassemblant les anciennes institutions sous son autorité.

Les commissaires examinateurs au Châtelet deviennent commissaires de police, au nombre de 48. Ils se répartissent entre les 17 quartiers de Paris et rendent compte quotidiennement au lieutenant général.

Ainsi, Nicolas de la Reynie s’appuie aussi sur un réseau d’indicateurs rémunérés : les mouches en liberté et les moutons en prison. De plus, il peut requérir les forces de l’armée, soit la maréchaussée d’Île-de-France, soit la garde de Paris (environ un millier de gardes des portes et murailles de Paris).

Le lieutenant général de police repose principalement sur des bureaux (métiers, marchés, écoles, archives, etc.). Le marquis d’Argenson officialise les bureaux qui étaient informels sous la Reynie. Il succède à la Reynie de janvier 1697 à janvier 1718.

Par la suite, sous le règne de Louis XV, le nombre d’inspecteurs de police est augmenté pour renforcer la lutte contre la criminalité et le maintien de l’ordre public. Ainsi, ces inspecteurs de police deviennent des agents importants de la police parisienne et leur rôle se consolide progressivement. Le chevalier du guet de Paris fournit rapidement l’aide de ses 150 hommes, aux ordres du lieutenant général de police. Ce système du lieutenant de police réduit la criminalité et s’étend aux grandes villes du royaume. Il perdure jusqu’à la Révolution, marquant une étape importante dans l’histoire de la police nationale en France.

La révolution Française (1789 – 1799).

En 1789, face à l’ampleur des troubles qui se multiplient depuis 1787, la police royale ne parvient pas à anticiper la situation et disparaît avec le régime.

De ce fait, dès le 13 juillet 1789, à la veille des émeutes lors desquelles les portes de la Bastille sont forcées. Une garde nationale de Paris se constitue pour assurer la sécurité intérieure et extérieure de la ville. Suite au 14 juillet, la commune de Paris élit une municipalité qui, le 25 juillet, crée un comité provisoire de police, sûreté et tranquillité, l’un des tout premiers comités.

Afin d’officialiser cette situation, des lois d’août et septembre 1791 sont adoptées. Cela permet de confier le rôle du lieutenant de police au maire. De manière similaire, les villes de province se dotent de systèmes analogues.

l'histoire de la police nationale et la révolution française

L’établissement et l’histoire de la police nationale française à travers l’édit de mars 1667

Voilà pourquoi, face à l’intensification des troubles et aux luttes de pouvoir, le gouvernement de l’époque crée la sureté générale en 1811. Cette nouvelle organisation prend en charge plusieurs domaine. Comme par exemple, la police de renseignement, la police politique, la police des étrangers, la police des jeux et la lutte contre la prostitution. Elle est placée sous l’autorité du ministre de la Police, qui peut prendre des mesures d’exception sans autorisation judiciaire. Cependant, la sureté générale est également critiquée pour ses abus et ses dérives. Le comité de sûreté générale et le comité de salut public recentrent la police sur la lutte contre les « suspects », présentés au tribunal révolutionnaire.

Durant cette période d’exception, le gouvernement promulgue de nombreuses lois sur la police.

Le Directoire crée le ministère de la police générale le 2 janvier 1796 pour lutter contre l’insécurité généralisée. Les législateurs souhaitent une police forte pour contrer les troubles révolutionnaires persistants.

Ainsi, en réaction à cette situation, une loi de pluviôse an VIII (février 1800) réorganise la police. Elle instaure des préfets à la tête des départements et des maires à la tête des communes. Ces derniers sont chargés d’assurer l’ordre public et de maintenir la tranquillité dans leur ville ou village. Toutefois, cette organisation ne fonctionne pas de manière optimale.

Les ministres de la police générale se succèdent rapidement. (neuf en trois ans et demi) Et cela, jusqu’à la nomination de Fouché en juillet 1799. Après le coup d’État du 18 brumaire an VIII, Fouché impulse un nouvel élan à l’institution policière.

L’histoire de la Police Nationale avec la Police Impériale (1799 – 1815).

napoléon Bonaparte durant l'histoire de la Police Nationale

Dès sa prise de pouvoir, Bonaparte s’attache à réformer l’État. La loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) refond les structures étatiques.

· À Paris, siège de tous les coups d’État et révolutions. Il met en place une puissante préfecture de police, héritière de la lieutenance de police. Le préfet de police est chargé de la police criminelle de droit commun. En outre, il est responsable de la police administrative et de la police de renseignement. Son principal objectif est d’étouffer toute velléité de rébellion contre le pouvoir central.

· Le gouvernement nomme un commissaire de police dans toutes les villes de plus de 5 000 habitants en province. Le préfet ou le sous-préfet est responsable de sa supervision. Pour chaque tranche supplémentaire de 10 000 habitants, un commissaire de police supplémentaire est affecté. Les villes ayant plus de 100 000 habitants et certaines villes stratégiques ayant moins d’habitants ont un commissaire général nommé à leur tête.

· La gendarmerie nationale et les gardes-champêtres exercent les pouvoirs de police dans les villes de moins de 5 000 habitants et en milieu rural.

Le système élaboré sous le Consulat s’étend aux territoires conquis durant l’Empire.

S’appuyant sur un quadrillage administratif serré, la méthode de Fouché, en poste jusqu’à sa disgrâce en 1810, tire parti de la nouvelle organisation. Il emploie des indicateurs rémunérés et le « cabinet noir » . Il recueille de nombreux renseignements, créant des fichiers et rédigeant un bulletin quotidien pour l’empereur.

Grâce à son efficacité et à son faible recours à la violence, cette méthode produit des résultats remarquables. La criminalité atteint alors un niveau historiquement bas, malgré les guerres incessantes qui éloignent les jeunes du pays.

En 1811, des directeurs généraux peuvent être nommés au-dessus des commissaires généraux, renforçant ainsi la hiérarchie policière.

La restauration monarchique (1815).

Durant la Restauration, un système de décentralisation similaire à celui des révolutionnaires est réintroduit, plaçant les structures policières sous l’autorité des municipalités. Ainsi, en 1818, le ministère de la police générale devient une simple direction du ministère de l’intérieur.

Cependant, Paris, où l’esprit révolutionnaire persiste, conserve sa préfecture de police, utilisée comme police politique. Le préfet de police rend compte directement au roi et nomme ou révoque les commissaires de police à sa guise. De même, on recrute des inspecteurs en civil, rapidement surnommés les « en-bourgeois ». L’inspecteur Javert, décrit par Victor Hugo dans Les Misérables, incarne l’archétype de cette figure.

La première police en uniforme au monde (1829).

Face à la criminalité croissante, exacerbée par une situation économique et sociale stagnante, la loi du 12 mars 1829 intervient. Elle crée les sergents de Paris qui, portant tricorne et épée, assurent la paix publique. Ainsi, ils forment la première force de police en uniforme du monde. En cas de mérite, on peut promouvoir ces sergents de ville au grade de brigadier (créé en 1830). Placés sous les ordres d’officiers de paix, ils obéissent eux-mêmes à un commissaire appelé chef de la police municipale à Paris. Ce système est également instauré dans les grandes villes du royaume et perdure sous Louis-Philippe après la révolution de juillet.

Déclin des polices municipales (1848 – 1884).

L’euphorie qui suit l’abdication de Louis-Philippe le 24 février 1848 fait rapidement place à l’insurrection et à la révolution. Le 15 mai, une tentative de coup d’État éclate, et entre le 23 et 26 juin, des manifestations de chômeurs dégénèrent en émeute, faisant plus de 5 500 morts.

Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République au suffrage universel. Par la suite, une ordonnance du 8 avril 1849 réinstaure les sergents de ville, qui avaient été dissous après la chute de Louis-Philippe en raison de leur action contre les journaux d’opposition.

En 1851, une préfecture de police est créée à Lyon sur le modèle parisien. Le coup d’État du 2 décembre 1851 et l’avènement du Second Empire renforcent les pouvoirs des préfets de police. Le préfet de police de Paris contrôle brièvement un ministère de la police générale recréé, qui redevient rapidement une simple direction du ministère de l’intérieur.

En 1853, les banlieues de Paris et de Lyon passent sous l’autorité des préfets de police. Cette événement marque une évolution importante dans leur organisation. Le dispositif est jugé satisfaisant, et en 1855, une loi du 5 mai permet la création d’une préfecture de police dans toutes les villes de plus de 40 000 habitants. Parallèlement, les maires de ces villes sont désormais nommés par le gouvernement, plutôt que d’être élus.

L’histoire de la Police Nationale avec l’origine du surnom « poulet »

Créée en 1846, la police des trains se transforme en police spéciale des chemins de fer suite au décret du 22 février 1855. Ainsi, on place la brigade mobile sous l’autorité du chef de la sûreté générale.

Puis, par arrêté du préfet de police du 7 septembre 1870, les sergents de ville changent de nom et deviennent des gardiens de la Paix publique. Leur uniforme évolue également, troquant le bicorne pour le képi. Plus tard, en 1871, Jules Ferry met à disposition de la préfecture de police la caserne de la Cité. Il en fait son siège. C’est à cette époque que les policiers reçoivent le sobriquet de « poulet », étant donné que la caserne se trouve sur l’ancien emplacement du marché aux volailles de Paris.

L’histoire de la Police Nationale lors de la troisième République (1884).

Les travaux des parlementaires de la nouvelle république aboutissent à la loi du 6 avril 1884. Elle a pour but de concilier l’idéal républicain avec la nécessité de maintenir un ordre public souvent mis à mal. A cause de cela, elle répartit les pouvoirs de police entre les maires et les préfets selon le nombre d’habitants (Paris n’est pas concernée par ce texte) :
  • Moins de 5.000 habitants : Le maire exerce la police et dispose d’un ou plusieurs gardes-champêtres qu’il recrute librement. Pour les affaires d’importance, il peut recourir à la gendarmerie nationale.
  • De 5.000 à 40.000 habitants : Le commissaire de police, sous les ordres du maire. Il est nommé et géré par la direction de la sûreté générale du ministère de l’Intérieur. Il dirige la police municipale qui « a pour objet d’assurer le bon ordre, la sûreté et la salubrité publique ». Le préfet exerce des contrôles, se substitue aux autorités municipales négligentes. Il agrée les personnels de la police municipale et a seul le pouvoir de les révoquer.
  • Plus de 40.000 habitants : La police municipale est organisée par décret du président de la République. Le décret pris sur proposition du ministre de l’Intérieur conseillé par le préfet.

Cette organisation des services de sécurité publique ne subit que peu d’évolution jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

La naissance de la police technique et scientifique marquant l’histoire de la Police Nationale

Parallèlement aux réformes structurelles, la police bénéficie des avancées technologiques.

En 1882, la préfecture de police établit un service d’anthropométrie ainsi qu’un service photographique. Ensuite, en 1888, Alphonse Bertillon devient chef et, le 16 août 1893, on le désigne comme responsable du service de l’identité judiciaire. Par la suite, il élabore la méthode de signalisation anthropométrique pour identifier les individus arrêtés, système largement adopté à l’international. Enfin, il se focalise sur la dactyloscopie (étude des empreintes digitales) en créant la dactylotechnie (prélèvement et comparaison des empreintes).

empreinte palmaire

En 1902, la première identification d’un criminel grâce à cette technique est réalisée. Cette avancée majeure conduit la préfecture de police à créer un service dactyloscopique en 1903.

De ce fait, la police scientifique connaît un développement notable durant cette période. C’est en 1910 que le Professeur Edmond Locard inaugure le premier laboratoire de police scientifique à Lyon. Il fonde ce laboratoire sur le principe selon lequel « aucun individu ne peut être présent quelque part sans laisser de traces, surtout lorsqu’il agit avec l’intensité que suppose une action criminelle ». Ce laboratoire pionnier sert de modèle pour l’établissement de nouveaux laboratoires de police scientifique, qui émergent progressivement entre les deux guerres.

La première école de police au monde

On inaugure une école pratique de la police municipale le 30 juillet 1883. Elle se trouve au sein de la caserne de la Cité, qui est le siège de la préfecture de police. Cette école a pour vocation de former les futurs gardiens de la paix, dont beaucoup sont d’anciens militaires, aux spécificités de leur métier.

En 1914, rebaptisée école pratique et professionnelle de la police municipale, elle offre aux gradés de police une formation complémentaire. De ce fait, on utilise notamment un film pédagogique intitulé « Ce que doit être son attitude et ce qu’elle ne doit pas être ».

En 1922, une coopération avec le milieu universitaire s’instaure avec la création de l’Institut de Criminologie de Paris.

Les brigades du tigre

Portrait de georges clemenceau

Face aux progrès technologiques et pédagogiques insuffisants pour combattre efficacement les nouvelles formes de criminalité. (attentats anarchistes, bandits de grands chemins, délinquants marginaux, etc.) Les juges d’instruction se trouvent débordés. Ils doivent alors déléguer certains actes d’instruction à la police, conformément au code de Brumaire repris dans le code d’instruction criminelle de 1808.

Afin de répondre au besoin d’une police judiciaire, Georges Clémenceau, président du Conseil et ministre de l’intérieur, met en place plusieurs services. Ces derniers ont pour mission de « seconder l’autorité judiciaire dans les recherches et la répression des crimes et délits de droit commun ».

Le 30 décembre 1907, douze brigades régionales de police mobile sont créées. Chacune d’entre elles est placée sous l’autorité d’un commissaire divisionnaire assisté de trois commissaires de police et dix inspecteurs. Les brigades régionales de police mobile sont rattachées à la sûreté générale du ministère de l’intérieur. Elles sont devenues un service autonome depuis 1887, en tant qu’officiers de police judiciaire.

L’efficacité remarquable de ces brigades mobiles leur confère une grande renommée. Rapidement, on les surnomme « les brigades du tigre » en référence au surnom politique de Clémenceau, célèbre pour sa ténacité.

Ces brigades adoptent rapidement les techniques de police scientifique, telles que la dactyloscopie, les analyses toxicologiques, la balistique, et bien d’autres. En 1913, une treizième brigade mobile voit le jour à Paris.

écusson des "brigades du tigre" représentant G.clemenceau et un tigre de profil

La fin des Polices Municipales

Plusieurs villes décident d’étatiser leur police municipale et de la placer sous l’autorité des préfets de département. Cette décision est prise en raison d’une administration insuffisante. Comme le cas de Marseille en 1908, Toulon en 1918, et Nice en 1920. Ou bien, pour répondre aux besoins de gestion de l’ordre public et de la sécurité, comme à Strasbourg, Mulhouse et Metz en 1925, et dans la région parisienne en 1935. Face à ces créations successives de nouvelles structures, une réorganisation des services devient nécessaire.

Les décrets-lois de 1934 et 1935 transforment la sûreté générale en sûreté nationale. Ils englobent désormais tous les services de police de France, sauf la préfecture de police de Paris qui conserve un statut particulier. La police spéciale devient le service des renseignements généraux en 1937 (Front populaire).

Ces réformes ne résolvent pas la multiplicité des commandements, le manque de coordination, la diversité des personnels, la disparité des statuts et des rémunérations, et les inégalités des budgets municipaux. Finalement, la Seconde Guerre mondiale éclate alors que le débat pour une police d’État est en plein essor.

L’État Français (1941)

Afin de renforcer son autorité, le gouvernement du maréchal Pétain entreprend une épuration massive des cadres, révoquant plus de 50% des préfets et commissaires. Parallèlement, il procède à une profonde réforme des structures de police en créant la police nationale. Ainsi, le secrétaire général pour la police place cette dernière sous sa direction. Elle occupe la fonction de chef d’une direction générale de la police nationale.

La loi du 23 avril 1941 établit la police nationale dans toutes les communes de plus de 10 000 habitants. En outre, Le ministre de l’Intérieur désigne par arrêté les communes plus petites où elle est instaurée. Toutefois, Paris conserve son statut particulier.

La police nationale s’organise au niveau régional avec un préfet chargé de la police. Un intendant de police et les services régionaux de police assistent le commissaire chef de district. De plus, chaque département comprend un district de police. En outre, au sein du service, on crée une sous-direction des compagnies républicaines de sécurité.

Elle deviendra plus tard la réserve générale de la police nationale après les mouvements de grève de 1947.

On élabore un statut de la fonction publique policière. En prévoyant un recrutement par concours pour la majorité des postes et sur titres pour certaines fonctions spécifiques. On confie la gestion des carrières des cadres supérieurs au ministre de l’Intérieur et celle des autres cadres au préfet. L’avancement se fait au choix.

La formation professionnelle s’organise au niveau national avec l’ouverture de l’École nationale de police de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.

La nouvelle police nationale intègre tous les personnels des polices municipales.

L’après guerre et la reconstruction

Suite à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la police nationale initie un processus de reconstruction et de réorganisation. Ainsi, plusieurs fonctionnaires ayant collaboré avec le régime de Vichy sont remplacés. Par la suite, des réformes sont mises en œuvre afin de moderniser la police et d’accroître son efficacité.

On réorganise la police judiciaire en créant la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) en 1946. La DCPJ coordonne les enquêtes criminelles. Cependant, il lutte également contre les nouvelles formes de criminalité émergentes après la guerre, comme le trafic de drogue et les réseaux criminels internationaux.

Au cours des années 1950 et 1960, la police nationale se dote de nouveaux moyens techniques et scientifiques pour améliorer son action. Les laboratoires de police scientifique se développent et intègrent de nouvelles techniques d’investigation dans des domaines de spécialisation. Par exemple, la médecine légale, la balistique, l’analyse des traces et la criminalistique.

Poursuivant sa modernisation et sa professionnalisation durant les années 1970 et 1980, la police nationale crée de nouvelles unités spécialisées. Parmi celles-ci figurent le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) en 1974. La brigade de recherche et d’intervention (BRI) en 1964. Elle est chargée des enquêtes criminelles complexes. Ainsi que le groupe d’intervention de la police nationale (GIPN) en 1972, spécialisé dans les opérations de maintien de l’ordre et de libération d’otages.

Enfin, la direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) a été créée en 1995. Elle a pour objectif de lutter contre l’immigration illégale et le trafic de stupéfiants aux frontières.

Vers une police d’Etat (1944)

Après la Libération, l’ordonnance du 16 novembre 1944 rétablit la Direction générale de la Sûreté nationale. Bien que la police nationale soit sous l’autorité du ministère de l’Intérieur. Il est important de noter qu’elle se compose de quatre directions principales.

  • police judiciaire
  • sécurité publique
  • renseignements généraux 
  • surveillance du territoire.

En outre, il y a également les directions administratives telles que le personnel et l’administration, le matériel et les étrangers.

On crée une sous-direction des compagnies républicaines de sécurité au sein de la direction de la sécurité publique. Puis, elle deviendra plus tard la réserve générale de la police nationale après les mouvements de grève de 1947.

On conserve le principe d’une police d’État pour les villes de plus de 10 000 habitants. Tandis  que la préfecture de police de Paris, dont les personnels sont qualifiés « d’homologues » de ceux de la Sûreté nationale, ne dépend pas de cette nouvelle direction générale.

Plusieurs réformes ont lieu par la suite, notamment:

  • En 1954, les inspecteurs de police deviennent « officiers de police ».
  • En 1961, on crée le Service central de coopération internationale pour former les polices des pays d’Afrique francophone.

La Police Nationale et son histoire récente (1966)

La loi du 9 juillet 1966 crée la police nationale, rassemblant le personnel de la Sûreté nationale et de la préfecture de police de Paris. Le ministère de l’Intérieur établit une Direction générale de la police nationale. En revanche, dans le cas particulier de Paris, le préfet de police demeure le chef des services de police et l’intermédiaire obligatoire pour la sécurité.

Les personnels deviennent fonctionnaires, répartis en cinq corps :

  1. Commissaires de police
  2. Police en tenue d’uniforme – Police en tenue civile
  3. Officiers de paix – Officiers de police
  4. Gradés et gardiens de la paix – Enquêteurs de police
  5. Personnel administratif, technique et scientifique

En 1973, les missions de police aérienne et de surveillance des migrations transfrontalières s’accroissent. Justifiant ainsi la création du Service central de la police de l’air et des frontières, détaché des attributions des renseignements généraux.

Des femmes Policières

Les femmes en uniforme de Police (Histoire de la Police Nationale)

En 1966, un tournant important se produit. En effet, lorsque quelques femmes intègrent les services actifs en tant qu’officiers de police par concours. Bien qu’initialement recrutées pour des missions liées à la protection de l’enfance, elles accèdent progressivement à tous les postes ouverts aux concours. Ainsi, elles peuvent devenir inspecteur de police (anciennement officier de police) en 1972, commissaire de police en 1974, gardien de la paix en 1978 et officier de paix en 1982.

 

La modernisation de la Police Nationale

Au fil des dernières décennies, la police nationale a considérablement modernisé ses opérations, en mettant en place :

  • de nouvelles structures spécialisées, telles que le GIPN et le RAID. Mais aussi des offices centraux pour les investigations spécifiques, notamment en matière de grande délinquance ;
  • une professionnalisation accrue de la formation, avec la création de la Direction de la Formation de la Police Nationale en 1999 ;
  • des avancées notables en matière de police technique et scientifique ;
  • une utilisation généralisée des technologies informatiques et de communication ;
  • le développement de parcs de matériels, incluant véhicules et équipements.

Par ailleurs, une gestion plus adaptée des personnels se manifeste par :

  • une diversification des recrutements, avec l’introduction des policiers auxiliaires en 1986 et des adjoints de sécurité en 1997 ;
  • une réforme des corps et carrières, marquée en 1995 par la refonte des corps ;
  • des efforts en cours pour une meilleure répartition des responsabilités et un pyramidage des corps plus adapté à un management moderne.

La participation de la police nationale au défilé du 14 juillet depuis 1996 symbolise la reconnaissance de la nation envers les forces de l’ordre. Ainsi, la police nationale poursuit son adaptation aux défis et enjeux de la société française et internationale, en se concentrant sur la formation, la modernisation et la diversification des compétences de ses agents.

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